La mécanique de la préparation
La mécanique de la préparation
Dans la vie d'un auteur, l'écriture proprement dite prend une place à l'importance variable. Dans le cas de l'autoédition que je pratique, je passe une grande partie du temps et de mon énergie à construire un environnement périphérique à mon écriture, de façon directe – édition des textes, mise en page, reliure... – et indirecte – présence sur les réseaux sociaux, alimentation du site web...
Même en phase d'écriture, la rédaction n'est qu'une partie du travail. La réflexion, la lecture, la documentation, la prise de notes, l'élaboration d'un plan... rien de tout ça ne consiste à s'asseoir derrière un clavier et à enchaîner les frappes. Pourtant, j'ai parfois écrit davantage en visualisant des scènes en silence qu'en me lançant dans dix pages de premier jet.
Avec Horizons parallèles, j'ai appris à me jeter dans la rédaction, à me laisser le droit d'improviser. On n'écrit pas 52 nouvelles en un an en passant beaucoup de temps à réfléchir. Aujourd'hui, le projet Amazonies Spatiales m'offre du temps et des ressources. Jamais, pour la rédaction d'une seule nouvelle, je n'ai disposé d'autant de notes, d'images mentales, d'expérience... Alors ces derniers temps, au coeur de cette dimension inconnue, j'ai commencé à m'inquiéter de ne pas rédiger. Allais-je seulement réussir à atteindre le nombre de signes requis, moi qui, 52 fois de suite, avais construit des intrigues dans une fulgurance qui en comptait la moitié ?
J'avais oublié, justement, que la rédaction n'est qu'une partie du travail. Il me reste une semaine pour terminer mon manuscrit, et le texte que j'ai produit est déjà trop long. Les notes, les schémas, les pages de carnet, les photos, les rencontres ont tenu mes mains sur les vannes ouvertes du robinet de l'Écriture.
Au-delà de la joie d'arriver au seuil critique (il me semble bien plus simple de couper dans un texte que de délayer une histoire que l'on estime finie) je m'interroge donc sur ma capacité à produire du contenu plus long. Je crois que je commence, petit à petit, à comprendre la mécanique de la préparation, à envisager, peut-être, que ce que j'estimais être un plan susceptible de supporter au maximum une nouvelle de bonne taille, pourrait en fait plutôt structurer une novella, voire plus. Sachant qu'en l'état actuel des choses, mes plans sont incomplets et laissent encore de la place à l'improvisation (on ne se refait pas).
Ce que je retiens de cette expérience en cours, c'est que je suis probablement un assez mauvais juge de la capacité d'une idée et de toutes ses annexes à être transformée en un récit. Il me reste encore beaucoup de choses à apprendre, et bonne nouvelle : vous serez aux premières loges pour le voir.