Les cosmonautes ne travaillent pas le dimanche
Les cosmonautes ne travaillent pas le dimanche
Le saviez-vous ? On envoie en orbite, de nos jours, des picosatellites de la taille d'une carte de crédit. Les cosmonautes russes ne travaillent pas le dimanche. Les humains des missions Apollo ont laissé leurs déjections sur la lune. On a pu, à distance, modifier le code de la sonde Voyager pour améliorer ses algorithmes de compression d'images…
J'émerge. J'émerge après avoir plongé tête la première, trois jours durant, dans la résidence du projet Amazonies Spatiales. Trois jours au cours desquels j'ai pu engager la discussion avec 14 co-auteurs et autrices, mais également avec une foule de spécialistes de domaines variés : du facteur humain à l'éthique spatiale, de l'astrophysique à l'écologie, le tout dans les locaux et avec le soutien de l'équipe formidable de Matrice.
J'émerge, au sens propre. Je n'ai pas relu mes 28 pages de notes de la semaine. Il m'a fallu du temps pour redescendre, pour laisser percoler l'inspiration à travers toute cette matière, tout ce savoir, toutes ces questions dont, pour certaines, j'ignorais même qu'elles fassent l'objet de la moindre préoccupation.
En trois jours, rien que trois jours, j'ai grandi. J'ai grandi d'une croissance accélérée, repensé à mes nouvelles passées et à tout ce que j'y changerais, si je les réécrivais maintenant. J'ai grandi à comprendre des regards différents, à partager, à être d'accord ou à ne pas l'être, en vrai, loin des réseaux. Je n'ai pas pris de photos, cette fois. Rien enregistré. J'ai écouté et j'ai écrit, et cela m'a fait du bien.
Ce qui m'attend maintenant, c'est de replonger dans toutes ces notes. C'est aussi de (re)contacter expertes et experts, de poser des questions, d'obtenir des entretiens. Tout cela dans le but, petit à petit, de donner vie à un texte, un fragment d'Amazonies Spatiales.
En rentrant à Lille, j'ai dit à une coautrice que je n'avais pas la pression par rapport à tous ces acteurs extérieurs. On a voulu que je sois là pour ce que j'ai à donner, après tout. En revanche, je ressens de la pression par rapport à moi-même. Dans les meilleures circonstances techniques possibles, je veux être à la hauteur, offrir un texte aussi beau que je puisse l'écrire.
Pour cela, il faudra encore patienter un petit peu.